لاش تلقي يدك لخدك l’histoire.

Publié le par الريـاض

لاش تلقي يدك لخدك l’histoire.


Par: Hadj. Mokhtar Hadj Slimane.




         Un point très important est à préciser, les thèmes utilisés dans les poésies chantées dans notre musique sont principalement l’amour, le vin, les plaisir de la vie et la tristesse engendrée par les déceptions amoureuses, cependant, cela n’empêche pas le fait que certaines d’entre elles ont un contexte spécial, racontant un évènement spécifique que l’auteur du poème ou un proche à lui ont vécu.

A ce titre, je ne pouvais résister à la tentation de raconter l’histoire d’une jeune femme dont les déboires ont abouti à la naissance du poème bien connu des musiciens de notre époque, chanté dans la Nouba Dil, à savoir:
 
لاش تلقي يدك لخدك وغيرك في هنى يا مولاي.

Je dois, en toute honnêteté et en toute reconnaissance, préciser que cette histoire véridique m’a été narrée  par notre éminent Cheikh Hadj Mustapha Brixi dont j’admire l’immense répertoire culture musical et dont je remercie, je ne le ferai jamais assez, la disponibilité.

Voici donc l’histoire de Anissa ;

A Baghdad, en l’an 786, au temps où la dynastie des Abbassides tait au pouvoir, Haroun Rachid venait d’être élu Calife et mis dans ses fonctions de chef suprême.

         En faisant l’inventaire de ce que son royaume contenait, il réalisa qu’il y avait des services faisant fonction d’école. Parmi ces services il y avait celui de la culture générale, celui de la promotion religieuse, celui de la médecine et des autres sciences…, bref, il y en avait toute une panoplie. Comme Haroun Rachid était un fervent mélomane, pour preuve il avait en mémoire trois cents (300) Kitâa (قطعة) musicales. Il demanda s’il existai un centre de musique. Dès qu’il sus qu’il n’y en avait pas, il décida d’en créer un. Du fait que Ibrahim El Moussili, qui était le génie de service du moment dans le domaine musical, venait de décéder, le calife sollicita  immédiatement Ishak El Moussili, qui n’était autre que le fils de Ibrahim et qui avait remplacé son père dans l’appréciation populaire car il était aussi doué que ce dernier. C’est ainsi que fut créé la fameux service musical de Baghdad qui a réussi à acquérir une notoriété mondiale et qui a accueilli notre Zyriab.

Après un début de règne très prometteur, le calife avait gagné la sympathie de beaucoup de gens dont l’un était devenu son proche ami. Celui-ci, qui était un très riche et très respectable notable de la ville de Baghdad avait une épouse dont la culture générale, avec un don particulier pour la musique et la poésie, et surtout la beauté était admirable. Le couple vivait heureux et avait une fille de seize ans, Anissa, qui était féerique de beauté et qui assimilait avec une étonnante aisance ce que sa mère, ses autres maîtres et sa propre curiosité lui apprenaient. Puis ce fut le drame… la mère décéda.

Le père, après un moment, ne pouvant rester sans conjoint, se remaria.

La nouvelle épouse, qui était très loin d’avoir les qualités de la défunte, commença, après une période d’adaptation, à imposer ses habitudes et ses opinions. Le mari se résignait mais pour la jeune Anissa, la différence était trop grande pour pouvoir supporter las gâteries de la nouvelle venues. S’ensuivit une tension insupportable pour la jeune fille qui, petit à petit, commença à perdre de resplendissante beauté et se transforma en une fille triste, maigre et d’une pâleur évidente.

         A cette époque là, à chaque grande occasion, et les fêtes des deux aîds par exemple, les proches du Calife essaient de faire plaisir à celui-ci en lui présentant des offrandes qu’il accepte volontiers. Le père de Anissa eut l’idée de lui offrir sa fille, puisque celle-ci ne trouver pas son bonheur dans son nid familial. Lorsque le père présenta la fille, Haroun Rachid la regarde, haussa les épaules car à ses yeux elle n’avait rien d’original et l’accepta juste pour faire plaisir à son père.

         Anissa qui était toujours en possession de son énorme potentiel culturel et scientifique, s’adapta très rapidement à son nouveau milieu. Elle commença même à imposer, par tout son savoir-faire, sa douce et savante personnalité. A un certain moment, elle devint même la favorite du calife. Les autres femmes du Harem, qui étaient restées sans réaction au début, devinrent très jalouse et décidèrent de se débarrasser d’elle au plus vite. Elles élaborèrent un plan dans lequel l’une d’entre elles, pour ne pas être reconnue, s’habilla en haillons, se salit le visage et sortit pieds nus en ville. Elle commença à dire a qui voulait l’entendre que Anissa, la préférée du Calife, était une femme de mauvaises mœurs, qu’elle sortait la nuit, lorsque son maître était endormi, et pratiquait la débauche. La rumeur n’a pas tardé à envahir tout Baghdad et, inévitablement, arriva à tout allure au palais du Calife. En entendant cela, Haroun Rachid décida de châtier Anissa et de l’expulser de son Harem. Bien sur, il était inutile pour elle de crier son innocence. Elle se résigna dons à son sort. Le jeune musicien et ami du Calife, Ishaq El Moussili qui avait, comme nous l’avons mentionné plus haut, la responsabilité du centre musical de la ville, a entendu parler de l’histoire de Anissa et, et connaissant sa grande valeur en tant que musicienne, demanda au Calife de la lui céder pour pouvoir faire profiter le centre qu’il gérait de ses qualités musicales. Ce dernier accepta et la jeune fille se trouva dans un autre milieu, beaucoup moins hostile. Au contraire, ce milieu était tellement accueillant et en accordance avec sa personnalité cultivée que la jeune Anissa, qui fut surnommé Khalida (il était très fréquent, à l’époque, de changer de prénom ou d’adapter des surnoms), retrouva non seulement le sourire et la joie de vivre, mais aussi ses formes et son aspect physique initiaux ainsi que sa merveilleuse beauté.

Un jour, Ishak El Moussili, pour montrer au Calife l’évolution de son travail au sein du centre musical dont il était le maître, invita Haroun Rachid à un dîner suivi d’une représentation musicale animée par ses élèves.

Le Calife accepta avec joie et il se donnèrent rendez-nous dans un mois, à la de mande d’El Moussili, pour lui permettre de bien organiser la fête.

En rentrant au centre il appela la jeune femme, désormais nommée Khalida, lui fit part de son accord avec le Calife, et connaissant toutes ses capacité, lui demanda de prendre en charge l’organisation de cette soirée. L’opération dura quelques jours et Khalida faisait un travail exceptionnel : changement de couleur de la peinture, perfectionnement des arabesques et de l’architecture, permutations des meubles, introduction de nouvelles décorations entre autres… pour combler le tout, elle prépara, dans la grande salle de réception du centre, un endroit dans lequel les musiciens présenteraient leur répertoire, un périmètre légèrement relevé du sol et doté d’un rideaux qui serait écarté au commencement de la représentation musicale. C’est ainsi que naquit la première scène artistique au monde.

Le jour prévu arriva. Le Calife vînt, dîna et fut très impressionné par les nouvelles dispositions et l’architecture de l’endroit qu’il connaissait autrement.

« Maintenant, passant, si vous le voulez bien, à la musique », prononça El Moussili. Le rideau s’écarta pour faire découvrir au Calife un ensemble de femmes très belles dont la chanteuse principale était la plus attrayante par son immense beauté et son charme paradisiaque. C’était Khalida mais Haroun Rachid ne la reconnut pas car elle s’était complètement métamorphosée par rapport à celle qui était dans son Harem. L’orchestre entama le Dil, car Khalida savait pertinemment que le Calife adorait ce mode musical. En entendant chanter la jeune femme, Haroun Rachid s’est, d’une part, demandé comment cette belle chanteuse savait-elle que le mode Dil était son préféré, et il s’est dit, d’autre part, que cette voix lui était familière. Après un moment de concentration, il comprit. Cette très belle femme sui était devant lui entrain de chanter de sa douce voix mielleuse n’était autre qu’Anissa, la fille qu’il avait jeté hors de son palais, sans chercher si elle était coupable ou innocente de ce qu’on l’accusait. Le Calife réalisa l’ampleur de son erreur, mit la paume de sa main sur sa joue et posa son coude sur sa cuisse. Voyant cette scène, Khalida réalisa que le Calife avait tout compris. Alors elle chanta, pure improvisation, la célèbre poésie que nous connaissons et apprécions aujourd’hui dont voici le texte :

 

وغيـــــرك في هنـــــــــا

 

لاش تـلقي يـــدك لـخــــدك

 

دخــلوا النـــاس بيننــــــــا

 

مـا هـو إلا مـن وعــــــــدك

 

حــــــكم الله مـولانــــــــا

 

آش هــو في قــصـــــــدك

 

 

و مــا فيـه من ثمـــــــار

 

الجنــان يعـرف جنـــــلني

 

 

و من بـاعـني خســـــــر

 

اربـحني من شـــــــراني

 

قـالـوا النــاس ارجع نــــــادم

 

من بـاعني بغيــر قيـمــــــة

 

يـا أخـي في روحـــه انـتــــقم

 

جــــاء يـعمــل نقيـمــــــة

 

و فيهـــا سعـدي استـــنــــقم

 

وابن حجـة كانت سقيـمــــــة

 

 

و يـقنـــــع بـالنظـــــر

 

و هـو يـطمـع يــــــراني

 

 

و صـارت في يـد آخـــــ،ر

 

في يـده كـانت عنـــــاني

 

               

 

         la soirée termine, le Calife, homme juste qu’il était, se dirigera vers Khalida, la pria de l’excuser pour ce qu’il lui avait fait subir et lui demanda de revenir au palais. Khalida déclina l’offre très poliment et très respectueusement, lui faisant savoir qu’elle était très heureuse dans le milieu où elle vivait.

         Je vous laisse le soin d’admirer et de conclure.

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